jeudi 13 décembre 2012

Chapitre 17 : L’ultime combat (Par Matthias)

Chapitre 17 : L’ultime combat
(Par Matthias)
La lumière qui m’entoure s’intensifie au fur et à mesure que s’approche de moi mon géniteur abhorré. De ce qui devient une bulle aveuglante de cristal, je perçois son inquiétude. J’ose alors plonger mes yeux dans ce regard qui cherche à exploiter toute cette haine terrée en moi. Puis la voix, cette voix qui cherche sans doute à m’aider, se fait moins lointaine. Je me concentre sur ce qu’elle m’invite à faire. J’entends, comme une plainte lointaine, Satan qui perd patience : « Non, Etienne, n’écoute que moi ! Je t’offre la puissance. Rejoins-moi, il est l’heure, ne sois pas lâche nom de Dieu ! ». Mais sa voix semble s’éteindre alors que je ferme les yeux. Des paroles résonnent alors en moi comme une litanie. Je sens des picotements partir de mes orteils, remontant jusqu’à ma tête engourdie. Une douce chaleur m’envahit. Après avoir été tant malmené, il semble que quelqu’un cherche à me soulager. Je dois puiser en moi une force, remonter à la source, aux origines…faire surgir la « lave primitive ». Étrangement, ces paroles mystérieuses deviennent évidentes pour moi. « Recueille-toi. Concentre-toi ». Soudain, l’image de ma mère me tendant les bras survient dans mon esprit. « C’est toi que j’ai choisi mon petit ange » dit-elle les larmes aux yeux. J’ouvre alors les yeux, bien décidé à vaincre cette ordure que je sais maintenant pouvoir dominer. Mais avant, il me faut des explications. Toutes ces histoires refoulées resurgissent, j’inspire profondément, ouvre les yeux et lance alors les hostilités en criant à ce monstre :
« Pourquoi maman est-elle morte ??
- J’ai un projet, rétorque l’enragé. Celui de faire régner l’Antéchrist sur Terre. Et cet Antéchrist, c’est Toi. Il me faut réussir là où Dieu a échoué en envoyant son fils sur Terre. Selon la civilisation Maya que j’ai bien orientée, l’Apocalypse est prévue pour fin décembre 2012. Pour recréer un nouveau monde, il me faut un héritier. Ainsi, il y a 33 ans, j’ai séduit ta mère, alors religieuse, pour qu’elle mette au monde mon représentant sur Terre. Rejetée de son couvent, celle-ci t’a élevé, dans le luxe que je lui prodiguais chaque jour. Elle devait te montrer les valeurs de la haute estime de soi, la haine des lâches, la soif de puissance…mais un jour où je suis venu te rendre visite, je t’ai surpris, seul, avec un chapelet à la main, donné en cachette par ta mère, en proie à ses relents de stupides bondieuseries, le jour de tes 10 ans. Pris d’une rage sans limite, je m’apprêtais à te tuer, mais ce boulier de merde te protégea et tu me dis innocemment : « c’est maman qui me l’a béni ». Quelle salope ! Elle devait payer. Comme tu étais intouchable par ses conneries, j’attendis qu’elle rentre pour la tuer devant toi, afin que tu comprennes ce qui arrive quand on touche à ces choses-là. 66 coups de couteaux dans cette lâche devaient suffire à te traumatiser…dit-il les yeux injectés de haine.
- Tu n’es qu’une ordure, c’est toi qui es lâche ! Pourquoi m’as-tu abandonné si je comptais tant pour toi ?
- Oh mais je ne t’ai pas abandonné ! Tu étais corrompu, l’amour de ta mère et de son Dieu ont suffi à te protéger de moi, pour un temps seulement…un crétin de subalterne  divin qui se disait être ton ange gardien est venu te chercher, s’est fait passer pour un voisin pour appeler les secours, avant de se volatiliser comme un lâche…
- Je me souviens…».
Au fur et à mesure que le halo de lumière qui m’entourait diminue d’intensité, je revois l’homme…ses yeux, identiques à ceux de cet ami d’enfance de Danna, que j’ai rencontré plusieurs fois et qui m’inspire vraiment confiance…C’est lui, j’en suis sûr. Cette voix qui me guidait tout à l’heure. C’est bien la sienne, maintenant je comprends. « Les anges ne vieillissent pas. Ils peuvent prendre l’apparence ou l’âge qu’ils désirent », me dit souvent Sarah, ce que je ne croyais pas vraiment.
- Et tu veux que je m’allie à toi après que tu m’aies dit tout ça, pauvre fou ?
- Tu n’as plus le choix Etienne. Après toi, j’ai tenté d’avoir un nouveau fils, avec une femme de confiance cette fois, pratiquante de messes noires et organisatrice d’orgies, confie-t-il dans un sourire pervers. Ton demi-frère Michaël est alors né. Mais, pour triompher de Dieu, mon fils devait passer par lui pour mieux le combattre. Comme moi, qui suis passé par l’état misérable d’ange, je sais mieux que quiconque comment prouver que Dieu n’est qu’un leurre, une voie vers la faiblesse. Or, Michaël  était né des ténèbres, et toi de l’alliance d’une fille de Dieu et de moi-même. Tu es donc plus à même de me succéder mon fils ! J’ai ordonné Michaël de tuer Alicia, ton premier grand amour, lors de votre reportage il y a dix ans, pour que tu comprennes que cette vie ne menait à rien sans moi. Ton psy m’a été d’une grande aide pour rouvrir tes traumatismes et te rappeler que je n’étais pas loin. Puis ton stupide ange s’est débrouillé pour te faire rencontrer ta Sarah discrètement grâce à un de ses amis qui avait sa charge d’âme. Ce débile n’a même pas compris qu’il me faciliterait la tâche. Il me fallait attendre que vous soyez bien accros pour pouvoir t’attirer ici par le biais de tes copains piliers de comptoirs bien inspirés. J’ai maintenant une arme solide contre toi : l’amour de ta sirène au sang mêlé et cet enfant qu’elle porte de toi ! dit-il dans un atroce éclat de rire. Ne cherche pas à faire le poids, Michaël est en train de s’occuper de cette petite garce.
- Tu es complètement fou sale enfoiré !
Cette chaleur qui m’étreignait commence à se transformer en amertume bouillante. Elle va avoir un enfant de moi, et lui me parle de les tuer…
- Calme-toi, dit-il en riant, Michaël n’est qu’un instrument. Je lui ai promis d’être mon héritier, mais c’est en toi que je fonde tous mes espoirs !
- Mais, prends-le lui comme héritier, je ne veux pas être une merde comme toi, espèce de salaud ! Dis-je les larmes commençant à monter.
- Tu perds ton sang-froid on dirait, mon petit Etienne, tu auras toutes les raisons de pleurer quand ta petite Sarah sera morte !
- Jamais !!!
- Mon sous-fifre de Michaël la possède presque entièrement en ce moment. Il est à deux doigts de la faire clamser. Comme les autres !...Si tu veux qu’elle vive, rejoins-moi Etienne ! »
Il prononce ces derniers mots sur un ton soudainement sérieux.
Je ne veux pas croire que cela peut être aussi facile. Je sais ce que c’est que d’être inlassablement tourmenté, comme ces nuits où je revois la mort de maman, puis celle d’Alicia…je ne serai pas capable d’affronter cela une troisième fois. « Je…je… » ma voix s’étrangle, mon corps se met à trembler et je vois le Tentateur sourire doucement. Il n’y a plus de lumière. Il faut que je replonge en moi pour trouver la force…mais où est-elle passée putain ?...

***
Le Professeur Vianey arrive dans la salle principale du programme, accompagné de Big La Manna, inquiet.

« Que se passe-t-il ? demande-t-il à Amapola. Je suis venu au plus vite quand vous m’avez parlé de risque d’hallucination collective fatale et surtout de femme enceinte ! Hurle-t-il en se tournant vers le Boss de l’opération. Vous voulez donc nous mettre les autorités sur le dos avec vos conneries ? Vous savez très bien que ces expériences sont interdites aux femmes enceintes ! Mais qu’est-ce qui vous a pris nom de Dieu ?!
- Je ne savais pas, affirme La Manna. Elle nous a caché sa grossesse lorsqu’on a rempli les papiers, je vous jure. Dit-il gêné.
- Et comment vont les autres clients ? demande-t-il à Amapola.
Celle-ci se retourne et fait un bilan rapide des personnes inconscientes dans la pièce, reliées par des câbles à une tour centrale imposante.
« Ben, ça commence à être flippant ! Ici y’a le couple qui a l’air un peu stressé mais ça va, dit-elle en désignant un homme et une femme, surmontés respectivement de plaques lumineuses affichant les noms de "Daniel" et de "Danna". Ici, ceux qui jouent les anges, récitent des formules. J’avoue que j’y comprends rien ! Mais ceux qui m’inquiètent le plus, c’est surtout ces deux-là ! dit-elle en se tournant vers celui qui était sous la plaque affichant "Etienne". Il semble faire un battle de-qui-se-tord-le-plus-dans-tous-les-sens avec la miss Sarah qui est ici…ironisa la marchande de sable. Il a fallu que j’augmente les doses pour qu’ils restent endormis ! »
En effet, les deux individus semblent vouloir se projeter dans tous les sens malgré les sangles qui les maintiennent difficilement à leurs lits.
« Il va falloir agir vite et accélérer le processus de réveil. Que sont devenus ces deux là ? demande Le Professeur, s’arrêtant sur deux lits vides éclairés par les prénoms "Jérémy" et "Gilles".
- Ils sont en salle de réveil depuis longtemps avec Xoxigen, répond Amapola. Deux touristes qui avaient moins de soussous, donc pour qui le voyage a duré moins longtemps !
- Deux personnages sont issus quant à eux de notre système, Professeur, déclara La Manna qui était à l’origine du scénario de la « cabane ». Il s’agit d’un psychologue et d’un certain Michaël. Je crois que c’est vous qui les avez conçus. Ne peut-on pas les faire intervenir dans l’intrigue virtuelle pour les faire tous revenir ? Se risqua le Boss, devant celui que l’on surnommait le Sadique-Dandy.
- Oui, je vais retourner dans mon laboratoire pour mettre une fin en place. Il est impossible de déconnecter les touristes sans que l’intrigue soit résolue, sous peine de risquer des traumatismes irréversibles. Vous auriez pu faire attention bande d’abrutis. J’espère que l’on ne va pas avoir d’accident, sinon, on sera vraiment dans la merde ! Enchaîne le professeur furieux. Attendez mon signal avant de les faire revenir » crie-t-il en quittant la pièce comme ultime ordre à l’équipe légèrement stressée.

***
Mathieu sent que la connexion avec Etienne est difficile mais il sait qu’il est son unique espoir de survie. Avec les forces conjuguées de Luc, ils vont sûrement réussir à faire sortir cette puissance enfouie d’Etienne. Leur seul recours est le guide pour gagner les combats de vie et de survie, il le sait. Ils récitent ensemble depuis un bon moment ces paroles transmises de génération en génération entre subalternes divins, sur le lieu de la cabane, qui n’est plus là. Luc, ne peut pas s’empêcher de penser à Sarah, pendant qu’il récite ces paroles sacrées, avec laquelle il essaie aussi d’établir un contact. Alors qu’une communion entre les quatre esprits s’effectue, une étincelle commence à jaillir…

***
Sarah sent que Michaël prend le dessus sur elle et qu’elle ne peut plus communiquer avec Danna et Daniel qui la veillent, inquiets, depuis deux heures. Elle voit son visage plein de sadisme, odieux, implacable. Mais alors que Michaël lui fait dire que sa fin est proche et que le règne du fils de Satan est venu, elle qui était alors si impuissante, sent une voix qui l’emplit d’une profonde chaleur. Elle se met alors à crier de toutes ses forces : « Laisse-moi Satan, laisse Etienne tranquille ! Bats-toi Etienne ! Plonge en toi. TA FORCE EST CELLE DE L’UNIVERS ENTIER ! »



***
Je ferme à nouveau les yeux pour retrouver cette force. Elle ne peut quand même pas venir et me laisser comme ça ! A cet instant, avec un profond soulagement inespéré, je retrouve le lien perdu de Sarah, redoublant mes forces. Une puissance enfouie depuis des années et insoupçonnée agite mes entrailles. D’une profondeur abyssale, elle semble vouloir sortir avec une violence extrême. Les paroles de tout à l’heure, résonnent alors en moi. Je sens monter la puissance de tout mon être qui semble se confondre à l’univers entier. Mes yeux s’ouvrent alors, ainsi que ma bouche instinctivement. J’hurle de toutes mes forces au visage de ce père toute ma violence envers sa haine, pour l’anéantir, ce bourreau qui me semble être si faible maintenant. Mon cri strident, à faire déplacer les montagnes, met à terre celui qui m’a infligé tant de mal. Je sens qu’il n’est plus du tout maître de la situation, cet ange déchu devenu larve. Je crie de plus bel des sons inconnus avec une fureur innommable. Son corps se lacère de plaies béantes de toutes parts, le vidant de tout son sang putride, alors que la cabane se reconstruit peu à peu autour de nous. Mon cri de lave s’arrête. Il se dresse alors difficilement et me dit dans un dernier souffle brûlant de mépris :
«  Tu m’as vaincu par l’amour des tiens, mais je ne suis pas mort. Je revivrai à travers Michaël et te tourmenterai jusqu’à la fin, jusqu’à ce que tu rejoignes mon royaume ! ».
Son corps se réduit petit à petit à une marre de sang qui me rappelle brusquement celle de ma mère. Dans un éclair d’effroi, je comprends. Cette cabane, c’est la maison de Satan et de ma mère où j’ai grandi…Je me sens extrêmement fatigué, vidé, sur le point de m’évanouir…
La porte s’ouvre. Un halo de lumière emplit la cabane et je revois celui qui était venu me secourir 23 ans auparavant, accompagné d’une personne qui m’est aussi familière.
« Etienne, nous avons réussi ! Fanfaronne Mathieu. Luc et moi t’avons sauvé !
- Je pense que c’est surtout à Sarah que tu dois la vie, c’est elle qui t’a sauvé ! Corrige Luc.
- Comment va-t-elle ? »Dis-je précipitamment.
En posant cette question, je peine à distinguer la cabane et les visages des personnes qui m’entourent. Tout devient flou. Mon corps ne semble plus répondre à mon cerveau et s’abandonne. L’émotion sans doute. Je dois être en train de m’évanouir. Je sombre alors dans un sommeil profond…

…Mes yeux s’ouvrent alors doucement sur une charmante jeune femme portant un badge où il est inscrit « Aurélia ». Je veux me lever mais mes mains et mes jambes sont attachées à un lit relié à pleins de câbles. Je suis dans une sorte de laboratoire bondé de scientifiques – on est loin de la cabane ! -, et tout ce que je trouve à faire est d’hurler : « Sarah ! Où est Sarah ?» en regardant autour de moi. Aurélia me dit de me calmer tout en me détachant et me disant que Sarah et le bébé vont bien. Je me lève alors et me dirige vers celle qui m’a sauvé de mon père, qui se réveille sur son lit, à quelques mètres de moi.
Amapola, témoin rassurée de la scène, se tourne alors vers La Manna et lui demande :
« Ils sont donc vraiment ensemble dans la vie ces deux-là ?
- Mais oui, répond le Boss. Le programme « la cabane » reproduit les rapports véritables entre les personnes et s’inspire de faits réels pour créer un monde virtuel. Il part de leurs souvenirs, de situations déjà vécues. Cependant, tout est immatériel. Aucun objet ne peut passer du programme à la réalité. Par ailleurs, ce jeu révèle souvent certains secrets enfouis pour les touristes, c’est aussi un peu pour ça qu’ils payent, pour mieux se connaître…
- Eh bien, c’est sûr que ces deux-là se connaîtront maintenant ! Réplique Amapola. Elle ne peut plus lui cacher qu’elle est enceinte ! Bon, je vais appeler Sadique-Dandy pour lui dire que tout va bien… »
Alors que la marchande de sable s’éloigne, je prends Sarah dans mes bras, l’embrasse et lui promet de ne plus jamais l’abandonner. Fou de joie à l’idée d’attendre un enfant, je ne désire qu’une chose : sortir d’ici. Je me souviens. Nous étions venus ici au Salvador avec Gilles, Jérémy, Danna et Daniel pour passer des vacances de rêve quand deux types : Mathieu, un ami d’enfance de Danna et Luc, rencontrés à l’hôtel, nous ont parlé de l’expérience de la « cabane » qui était révolutionnaire. Nous avons tenté l’aventure sans trop y croire. Mais cela semblait si réel…le décès de ma mère a vraiment eu lieu à mes dix ans. Mais mon traumatisme m’a fait oublié beaucoup de choses…et puis Alicia fut vraiment ma compagne, mais elle n’est pas morte. Elle m’a seulement quitté il y a un bon moment. Ce programme doit moduler la réalité comme dans les rêves…mais bon, cette histoire de diable, franchement ! C’était vraiment bien fait quand même ! Là, je n’ai qu’une envie : prendre un bain et me vider l’esprit de ces histoires improbables.
Nous quittons le centre de la « cabane », soulagés. Les membres du gang semblent d’ailleurs pressés de nous voir partir. On dirait qu’ils ont quelque chose à se reprocher. Enfin, nous sommes vivants et faut dire que c’était quand même hallucinant cette aventure ! Il faut pas être cardiaque en tout cas !
« Tiens, tu avais ta pellicule au cou en te réveillant ? Dis-je à Sarah en rentrant sur le chemin de l’hôtel, suivi par nos amis réanimés. Tu ne l’as plus, elle est passée où ?
- Une femme en blouse m’a demandé de la garder pour éviter que les flics tombent dessus et considèrent cela comme une preuve pour mettre à mal leur organisation. C’est idiot, car je l’avais avant d’entreprendre le voyage virtuel. Enfin, ce qui m’a convaincu de la rendre, c’est qu’il y avait la photo de Michaël dedans quand je l’ai ouvert à mon réveil. J’ai reconnu le visage de ce personnage qui m’a possédée pendant presque deux heures. Je sais que c’est idiot parce que tout cela n’est que virtuel mais j’ai préféré ne pas garder ça sur moi !
- Je te comprends...
***
Amapola, qui se masse les pieds, fatiguée d’avoir tant marché pendant ses gardes, a eu l’ordre de La Manna de supprimer toutes les preuves qui pouvaient compromettre la « cabane ». Elle est alors surprise lorsqu’elle remarque que de la pellicule qu’elle vient de jeter au feu, s’échappe le portrait du Professeur Vianey, qui se consume dans les flammes de l’ «anéantisseur de preuves ».
***
…j’aurais fait la même chose à ta place » dis-je à Sarah dans un baiser.
Au même moment, mettant la main dans ma poche, je sens un papier se froisser. Je le sors et découvre avec effarement un texte pour le moins étrange ayant pour titre : « Guide pour gagner tes combats de vie et de survie »…

mercredi 5 décembre 2012

MS-13 Chapitre 16 (Laetitia)



Chapitre 16 : MS-13

(par Laetitia – Le mercredi 5 décembre 2012)


Tous, nous faisions partie du gang de Big M.La Manna, le gros bonnet d'une branche dissidente de la Mara Salvatrucha. Tous nous avions une mission, un rôle à jouer dans cette histoire et chacun savait parfaitement ce qu'il avait à faire...

Juan-Lucás, dit le bûcheron fou, avait été le premier à répondre à l'appel du Boss. C'est lui qui avait poussé la porte dégondée de ce lieu de débauche qu'on appelait dans le milieu « la cabane ». Il était tombé sur cet endroit lors d'une expédition dans la jungle salvadorienne et il comprit de suite en quoi ce site maya, totalement recouvert par la végétation, pouvait présenter un intérêt pour son groupe. Il avait aussitôt signalé l'endroit à ces frères d'armes...

Doña Aliza quant à elle, était perpétuellement à la recherche de sensations fortes. Elle avait tout essayé en matière de drogues et de part ses qualifications de laborantine expérimentée, elle était capable de tout reproduire et de tout inventer. La création de « la fée violette », cette drogue d'une puissance jusque là jamais égalée : c'était elle!

Xoxigen et son acolite Aurelia étaient les voleurs d'âme : ils connectaient et déconnectaient les patients comme ils s'amusaient à dire...

Le rapace nocturne était tout particulièrement bavard. Il prenait un malin plaisir à réciter des vers de la Divine Comédie de Dante lorsqu'il torturait ses victimes. D'ailleurs la plaque ajoutée plus tard sur la porte de « la cabane » exhortant les visiteurs à abandonner toute espérance, c'était son idée : « Toi qui entre ici ... » Les gars trouvaient ça classe!

Euonimus, alias psico-loco, hypnotisait les patients. Il commençait toujours en les invitant à se relaxer allongés sur un divan placé dans un coin de la cabane. Leur respiration s'apaisait peu à peu, puis, toujours suivant ses directives, ils se recueillaient intérieurement. Cette séance d'introspection était indispensable d'après lui pour tout « voyage » digne de ce nom.

Java et sa soeur Ali étaient surnommés « les jumeaux scatos »... Allez comprendre pourquoi!?! Je savais juste que leur rôle était d'une importance capitale car ils étaient chargés du bon fonctionnement des équipements de brouillage informatique. Leur cousin Tippi était le technicien du groupe. Les jumeaux le surnommaient Lucilia Caesar à cause de son étrange passion pour les mouches noires, vertes, dorées, bleues, à merde... Les mouches quoi! Il avait l'habitude de déposer délicatement les larves de ses douces amies sur le cadavre de ceux qui... Enfin, bref. En tous cas, à eux trois, ils avaient sauvés la peau du groupe plus d'une fois!

Le nom de code de Mateo, El Teniente, lui venait de ses rapports étroits avec les poulets... Fallait le voir quand il descendait en ville! Le temps que ça lui prenait de se préparer! Darklulu pouvait mettre jusqu'à deux heures pour lui camoufler tous les tatouages du visage! Un vrai travail de pro! C'est pas pour rien qu'on l'avait rebaptisé ainsi : il cachait le côté obscur des membres du gang sous d'épaisses couches de maquillage et leur offrait ainsi quelques heures de répit, une autre vie quoi! El Teniente pouvait alors se rendre incognito au commissariat et faire ce qu'il avait à faire tranquillement, au nez et à la barbe des flics qui ne marchaient pas dans notre combine! Il se payait parfois même le luxe d'aller saluer sa famille. Puis il revenait tranquillement à « la cabane ».

Lanto était la digne descendante des guérisseurs de la famille Onirina : elle avait en effet hérité des pouvoirs de ses aïeux pré-colombiens. Je l'avais déjà vu à plusieurs reprises rescuciter des patients qui tournaient de l'oeil en leur faisant avaler une mystérieuse mixture composée d'herbes poussant dans la jungle aux alentours de « la cabane »... Dans le groupe, tout le monde la traitait avec le plus grand respect, tel un sage. On disait qu'elle régénérait les morts... Elle travaillait en étroite collaboration avec Guillermo, alias Le Guide. De nombreux membres du milieu le craignait celui-là car sa réputation de sorcier très puissant le précédait où qu'il aille. Gare à vous s'il vous jettait le mauvais oeil!

Alicia était la plus terre à terre d'entre nous tous. Elle était d'une logique implacable et trouvait toujours une solution rapide et efficace aux problèmes des autres. En plus, c'était une organisatrice hors paire! Elle se retrouva donc très rapidement à s'occuper des commandes. Elle gérait aussi les stocks et avec une main de fer! Veillant à ce que personne ne se serve, ce qui représentait un véritable défi...

Oui, nous avions tous un rôle à jouer dans cette histoire et l'heure avait sonné pour moi d'entrer dans la danse...


* * *


Nous n'utilisons que 10% de notre cerveau.

Partant de cet affligeant constat médical, Lanto et Guillermo orientèrent les recherches de doña Aliza, l'une lui conseillant une plante plutôt qu'une autre, l'autre lui glissant à l'oreille quelques formules magiques dont le secret fut préservé par plusieurs générations de prêtes, d'abord Toltèques, puis mayas. Enfin, leurs descendants perpétuèrent secrètement ces ancestrales traditions et la culture indienne, loin de disparaître, se transmis oralement de père en fils et arriva donc jusqu'à lui, ici et maintenant.

La scientifique les écouta avec une moue moqueuse et fit preuve d'un effort surhumain pour ne pas les envoyer balader. Elle avait eu connaissance comme tout un chacun de cette croyance erronée selon laquelle l'être humain n'utilisait qu'une infime partie de sa capacité cérébrale, mais il ne s'agissait que d'un mythe dont l'origine remontait aux années 30. Elle n'avait clairement pas de temps à perdre avec ces conneries! C'était bon pour impressionner les patients ce genre de choses! Pas plus!


L'opération « fée violette » aurait donc coupé court sans l'intervention de Big M.La Manna qui comprit instantanément les bénéfices que pouvait tirer le groupe d'une telle invention, sans parler des répercussions économiques bien sûr! Avec tous ces touristes en mal de sensation forte... Tous plus fous les uns que les autres... Et prêts à dépenser des fortunes pour ressentir le doux frisson de leur dernière création : « La hada morada » en espagnol. Il lui semblait évident que cette drogue d'un nouveau genre allait lui permettre de toucher une clientèle bien plus vaste et surtout... bien plus riche!

L'organisation était simple... La police se chargeait de rabattre les clients intéressés vers le site : tous ces jeunes touristes fortunés en mal d'expérience forte qui venaient au Salvador passer quelques jours de vacances dans l'esprit « No-Limit » et se retrouvaient au poste pour tapage, ébriété sur la voie publique, bagarre et j'en passe. A leur arrivée, Euonimus les prenaient en main : il les préparait à sa façon... Puis c'était au tour du voleur d'âme numéro 1 d'entrer en piste : Xoxigen connectaient les patients entre eux pendant que doña Aliza leur injectait ce qu'il fallait pour que le voyage commence dans les plus brefs délais. En ce qui concerne le reste de l'équipe, il intervenait en cas de problème... Mais bon, j'en ai déjà trop dit! Secret professionnel!

Au milieu de cette machine bien huilée, il y a moi : Amapola. Je suis « la marchande de sable » du groupe. Ma mission consiste en effet à veiller sur le sommeil des patients on va dire... Et franchement, l'opération « fée violette » de cet après-midi, je ne la sens pas trop. Non, je n'ai vraiment pas la conscience tranquille. Dès le départ, j'avais ce goût de sel dans la bouche qui n'annonçait rien de bon....
Je devais puiser dans mes réserves et utiliser les 90% restants...


* * *



« Les lâches payent toujours le prix fort. Il est l'heure. »

Les patients de cet après-midi étaient tout particulièrement agités, surtout « la madre » et c'était bien ça le problème! Le maître du jeu, un certain Etienne ne faisait que de se tortiller sur sa paillasse. A croire qu'il avait des punaises dans le... Il appelait à l'aide et criait sans cesse : « Je ne sais pas, je ne sais plus! » Ou bien il pleurnichait comme une gonzesse : « Je veux me réveiller! »... Au début ça me faisait doucement rigoler : tous les mêmes! Ils viennent là faire les malins, puis dès que ça commence à chauffer un peu, ils appellent maman à la rescousse. Tous des lâches!

Ah ça, ils en avaient une bonne mine de vainqueurs lorsqu'ils sont descendus de leur jeep : ils auraient carrément dû venir avec un car comme les touristes, surtout qu'il y en avait une dans le lot qui se baladait avec une pellicule autour du cou. Non, mais elle comptait prendre des photos ou quoi? Quelle bande de guignols! A ça pour sûr, ils allaient payer le prix fort! Ouais, ils n'allaient pas être déçus du voyage ceux-là!

Le corps d'Etienne se tendait de plus en plus et il avait les pupilles sacrément dilatées. Doña Aliza s'était bien lâchée sur ce coup-là! Elle avait même peut-être eu la main un peu lourde cette fois-ci! Faudrait lui dire d'y aller mollo sur sa prochaine préparation! Par acquis de conscience, je m'approchais du gars et lui prenais le pouls histoire de voir où on en était : il était tout froid, sa respiration ralentissait de façon dramatique, les battements de son cœur étaient très faibles et assez irréguliers et son visage d'une pâleur effroyable contrastait avec ses lèvres... bleues...

Bordel s'il continuait à faire le con comme ça, il allait entraîner tout le groupe dans une hallucination collective fatale!! C'est alors que je remarquais le ventre rebondie de la fille à la pellicule; non mais me dites pas qu'elle est enceinte celle-là!?! On n'a pas idée non plus de goûter à « la fée violette » dans son état! Ses pupilles à elle aussi ressemblaient à deux œufs au plat, puis ses yeux se révulsèrent brusquement! A peine eus-je le temps de pressentir qu'elle allait me claquer dans les doigts que mon regard fut attiré par son ventre qui était secoué d'ondulations effrayantes!! Mais putain, c'est Shining ici?

Il fallait à tout prix éviter qu'un patient meurt en plein voyage dans « La Cabane », il en allait de la réputation et de la fiabilité du groupe! Complètement paniquée, je décidais de mettre un point final à cette histoire de fou. Je n'avais pas vraiment le choix : il fallait faire vite! Je savais qu'un seul homme était capable de nous sortir d'une situation aussi désespérée!

Prenant mon courage à deux mains, je décidais d'appeler à l'aide celui qu'on nomme Sadique-dandy...


- « Allô? Professeur Vianey? »

mardi 4 décembre 2012

PSYCHÉDÉLISME CHAPITRE 15 (Alice)


L'ombre de l'inspecteur Jabert s'étire sur la porte du cabinet du Docteur Faure. Son poing se lève et s'abat sur la porte, délaissant la sonnette. À cette heure tardive, il n'y a plus de secrétaire, et Jabert ne s'attend pas à trouver le praticien. "Diplômé de la Faculté de Psychologie de Paris VII" indique la plaque.
Soudain, lumière, verrous, l'homme ouvre. Calme, sans relief, habitué aux situations de crise, il ne tique même pas quand le commissaire lui colle sa plaque sous les yeux.

- Ah, c'est vous.
Jabert en revanche accuse le coup.
- Vous m'attendiez ?
- Étienne m'a prévenu.
- Comment ça prévenu ? Il vous a contacté ? Quand ?
- Non, c'est plus compliqué que ça. Entrez Inspecteur.
Michel Faure s'efface pour laisser entrer le flic, et le suit jusqu'à son bureau. Mathieu ne s'assied pas, et toise le praticien :
- Expliquez-vous, dit-il d'un ton sans appel.

Le psy enlève ses lunettes, et sa voix profonde s'élève.
- Étienne Marchand est mon patient depuis 1989, peu de temps après la mort de sa mère. Ce soutien faisait partie intégrante de son traitement à l'hôpital psychiatrique Saint Vincent. Quand le gosse avait 10 ans, les voisins ont appelé la police après avoir entendu des hurlements. Quand les secours sont arrivés, la mère était morte, le corps lacéré de 66 coups de couteaux, l'enfant assis dans son sang qui répétait comme une prière : "Les lâches payent toujours le prix fort. Il est l'heure.". Il n'y avait pas de preuve contre Étienne, et comme il était mineur, il a été placé en hôpital psychiatrique. Avec les circonstances du meurtre, le chiffre 66 et la scène, les rumeurs ont commencé à se répandre, on disait que c'était le fils du diable et les gens faisaient des signes de croix sur son passage. Bien sûr, les ravages sur l'équilibre psychique de l'enfant étaient irréversibles : cauchemars, hallucinations, automutilations. C'était très dur pour Etienne, il souffrait beaucoup. Peu à peu, les consultations se sont espacées, je me suis dit qu'il allait mieux.
- Pourquoi ?
- Étienne venait de rencontrer une jeune femme, et il se remettait doucement.
- Alicia ?
- Oui.
- Et ensuite ?
- Je le voyais une fois tous les deux ou trois mois. Une séance, basée sur l'hypnose a particulièrement mal tourné. On aurait dit qu'Etienne était possédé, ce qui est un symptôme courant de la schizophrénie. Ça ne s'est jamais reproduit, et tout est rentré dans l'ordre. Et puis un jour, brusquement, l'hôpital psychiatrique m'a rappelé.
- C'était quand ?
- Vous le savez déjà, Inspecteur. Il y a dix ans, juste après la mort d'Alicia.
- Comment était Étienne lors des séances ?
- Ravagé, prostré, en lutte contre lui-même. Diagnostiqué bipolaire.
- Il cherche à se protéger de quelque chose ?
- Ou de quelqu'un. Il refoule une vérité, quelque chose de terrible que son esprit ne peut pas encaisser. Je le reçois toutes les semaines depuis deux ans et il n'y a pas d'amélioration vraiment profonde.
- Que s'est-il passé pendant la séance d'hypnose ?
- C'était une méthode thérapeutique pour essayer de dégager les souvenirs qu'Etienne a enfoui après le décès de sa mère. Au début, il racontait des souvenirs gais, l'école, sa mère souriante. D'un seul coup, son visage et sa voix se sont déformés. C'était... terrifiant.
- A-t-il dit quelque chose ?
- Oui. Il a dit : "Un jour, il te faudra payer pour ça. Tu ne pourras pas te soustraire à ma volonté."

Faure raccompagne le commissaire silencieux jusqu'à la porte.
- Dites, Docteur...
- Oui ?
- Étienne Marchand, il pourrait enfouir des choses dans son esprit tellement profondément qu'il pourrait se persuader qu'elles n'ont jamais existé ?
- Et aliéner sa propre conscience ? Bien sûr. Vous étiez là, Inspecteur.
- L'incident lié à l'hypnose, vous pensez à quelque chose d'occulte ou simplement à une expression de son trouble mental ?
- Inspecteur, je ne crois pas aux forces occultes. J'ai fait des études, et je suis trop cartésien. Mais ce jour-là, elles étaient là.
- Vous ne m'avez pas dit comment Etienne vous avait prévenu.
- Après le décès d'Alicia, il m'a dit que vous pourriez l'arrêter. Et que tout s'achèverait quand vous vendriez me voir.
- J'espère qu'il a raison... Bonsoir Docteur.

***

Le commissaire Vulgor, accroupi dans l'herbe trempée à l'endroit où se trouvait la cabane, essaie d'établir un contact avec Étienne.

- Étienne, bon sang, Sarah est atteinte, il faut que tu te reprennes ! Elle a besoin de toi ! Ton enfant aussi ! Étienne ! Tu m'entends ?

Sa litanie dure depuis vingt bonnes minutes, sous le halo mouvementé de la lumière bleutée, lorsque son téléphone se met à vibrer.

- "Le psy a rouvert la brèche. Étienne n'est pas assez fort pour lui résister. lI a recommencé. Cette fois, il faut agir Luc.
- Le bébé... ?
- On a pas le temps. C'est le père qu'il faut atteindre."

vendredi 23 novembre 2012

Guide pour gagner tes combats de vie et de survie Chapitre 14 (Guy)

Guide pour gagner tes combats de vie et de survie

Quand tu es engagé dans une lutte à mort pour survivre, vivre
Quand l’ennemi te semble invincible, doté de pouvoirs magiques
Quand tu doutes de ta force, de ton habileté à vaincre
Quand la terreur envahit toute ta personne et te pétrifie
Quand tu es plaqué à terre, apparemment sans volonté
Quand tu te sens vidé de ta substance et incapable de te mouvoir

Surtout, souviens-toi de ce que je t’écris aujourd’hui
Il existe un moyen pour reprendre le dessus
Il est à ta portée même dans la situation la pire
D’autres l’ont employé avant toi avec succès
Pourquoi pas toi, maintenant ou quand tu en auras besoin ?
Alors, vas-y ! Lance-toi-même et surtout si tu n’y crois pas !

Capte tranquillement mais intensément les vibrations de l’univers
Elles nous traversent toujours en permanence
Mais nous les ignorons la plupart du temps
Recueille-toi. Concentre-toi. Appelle-les. Focalise-toi sur elles
Fais-le avec force, avec violence, avec frénésie
Mets-y toutes les forces qui sont les tiennes
Tu as l’impression de ne plus en disposer. Mais c’est une illusion !
N’hésite pas à parler, à crier, à hurler, à déployer ton corps recroquevillé
Tu le peux à plusieurs conditions que voici :
Crois en la puissance de ces vibrations cosmiques
Tu ne les as jamais expérimentées mais cela ne fait rien
Crois en elles de tout ton corps, de toute ton âme, de tout ton esprit
C’est un véritable acte de foi. Fais-le comme un croyant irréductible
Chasse violemment le doute de ton cerveau ou de tes tripes
C’est le pire de tes ennemis. Crains-le plus que tout
Souviens-toi : N’abandonne jamais le combat. Tu le gagneras.

Laisse parler ton corps. Il porte en lui l’héritage de toute l’humanité
Ouvre les mains. Tu le peux. Crie : "Je peux ouvrir mes mains ".
Hurle-le, à tue-tête, à l’infini jusqu’à ce qu’elles s’ouvrent vraiment
Alors, savoure cette première victoire. Lance un cri faible d’abord
Puis, laisse-le monter en puissance depuis tes entrailles
Il te procure la force de continuer à rassembler ton énergie primale

Pleure si tu le veux. Pleure de rage. Elle est excellente pour toi
C’est ton alliée.  Tu peux t’appuyer sur elle. Elle est à ton service
Laisse-la t’envahir des pieds à la tête. Sens-la monter en toi
C’est la rage de vaincre, la rage de vivre, la rage de survivre
C’est ta pulsion de vie. Elle provient de l’univers profond
Elle provient du big-bang, de l’explosion initiale
Nous l’avons tous en nous. Ecoute-la bien. C’est ton guide

Ensuite, mets-toi en état de réception des ondes universelles
Mets-toi en état de captation de la vitalité qu’elles contiennent
Parle-leur. Elles aiment ça et ça renforce leur action
Mets-toi en vibration comme un instrument de musique
Cherche leur longueur d’onde, augmente ton potentiomètre
Au départ, rien ne se produira. C’est normal. C’est la première étape.

Si tu ressens une toute petite amorce de réception :
Picotements, chaleur interne, sensation de dilatation
Concentration, ruisseau qui coule en toi
Alors, laisse-toi bondir de joie, la joie des habitants de notre terre
Elle fait des miracles, des merveilles, des cadeaux insoupçonnés
La joie d’être en communication avec les planètes, les étoiles,
Les galaxies, l’espace intersidéral, la chaleur, la lumière

Ressens cette joie, fais-la circuler dans tout ton corps
Sens ses trajets dans tes muscles, tes nerfs et même dans ta cervelle
Reste branché sur elle. Oui, bien connecté à elle. Sois en contact avec elle
Elle réchauffe tes entrailles, tes jambes, tes bras, ta colonne vertébrale
Ne perds jamais de vue cette chaleur. Elle te protège. Elle te dope
Ton ventre doit la conserver intacte à chaque instant. C’est fondamental
Elle est ta source d’énergie personnelle. Prends soin d’elle


Alors, voici mes ultimes conseils. Tous les sages, les gourous, les chamans
Le savent, les vivent, les pratiquent, les communiquent
Applique-les avec soin et énergie et sans relâche

GRAVE-LES EN LETTRES D’OR
DANS TON CORPS,
TON AME
TON ESPRIT

 Laisse-toi aller à ce qui vient en toi avec violence
Accueille le flot de lave primitive qui monte en toi
Laisse-toi emporter par lui avec confiance et détermination
Il rugit, il charrie les éclairs, le tonnerre, le feu
Il détruit mais il t’offre une énergie colossale
Ouvre-toi totalement au jaillissement de cette lave
Dis-toi que tu es traversé par la vitalité de l’univers
Elle t’habite désormais et sera ton alliée permanente
Accepte sa brutalité. Elle ne fait pas dans la dentelle
Elle est brute de fonderie, d’une puissance colossale

Accueille ce qui vient en toi avec violence
Tu as besoin de la lave première, celle de la création
Tu as besoin d’elle pour gagner ton combat sans merci
Tu puises à la même source que ton adversaire
Du coup, vous redevenez à égalité
A égalité de forces, de chances et d’ardeurs
Favorise la montée de cette substance primitive
Reste bien dans l’instinct comme le ferait un animal
Sens cette poussée irrésistible qui t’anime des pieds à la tête

Rugis, crie, hurle et frappe et cogne sans cesse
Ta voix est un outil de combat prodigieux
Elle atteint ton ennemi de plein fouet au visage
Elle le fait douter de lui, de son invincibilité, des sa surpuissance
Il commence à te craindre, à te redouter comme combattant
Tu domines son esprit, son âme et même son corps
Fais-la venir depuis tes pieds et atteindre tes cordes vocales
Sens les deux en même temps. Sens la force de ta voix monter
Dans tes jambes, tes hanches, ton ventre, tes poumons et sortir
De ta bouche comme un vent de tempête qui emporte tout                  
TA FORCE EST CELLE DE L’UNIVERS ENTIER !

lundi 19 novembre 2012

Régénération Chapitre 13 (Lanto)

RÉGÉNÉRATION


Son rire caverneux résonne niaisement. Inextinguible. Accompagné d’un tourbillon de noirceur qui me vrille le crâne. Je voudrais ne pas l’entendre mais il s’approche. Il me souffle au visage son haleine violente et corrompue. Le maelström se fait voile, m’enserre tel un cocon. Je me tétanise littéralement. Mes jambes ne répondent plus. Mes yeux ne voient plus. Je ne perçois sous mes paupières qu’une aveuglante lumière sombre. Qui croît tandis que je me sens léviter peu à peu. Impossible de lui résister. Impossible d’émettre le moindre son. Je me mets à hurler désespérément dans ma tête que je ne suis pas un lâche, que je renie son héritage. Les lâches ? Non ! Hurler que je ne serai pas lâche.

Il rit de plus belle. Faisant trembler la cabane toute entière. Ou ce qu’il en reste. Existe-t-elle seulement encore ?

-         Hahaha ! Que crois-tu ? Que tu as sauvé ta belle ? L’heure est venue, mon fils, et tu ne pourras te soustraire à ton destin.

« Je refuse ! Je refuse de me soumettre ! Jamais, je te jure, moi vivant, jamais je ne me laisserai faire ! » Mes mots ne passent pas mon larynx. Ils résonnent, essaient de forcer les parois de ma mâchoire, en vain. M’étranglent.

-         Toi vivant ? C’est ce que tu crois ? Mais tu n’as pas le choix. Tu n’as plus le choix ! Tu crois vraiment que c’est toi qui l’as sauvée ? Que ta faible volonté de bâtard est suffisante pour la mettre à l’abri. Elle porte mon petit-fils, que tu le veuilles ou non, cette fois-ci, MA volonté sera. Hahaha !

Il tourne autour de moi à une vitesse vertigineuse. Je ne le vois pas, je le sens. Glacé et brûlant à la fois.

« Sarah, ma chérie. Il faut que tu sois forte. Il faut que tu résistes. Si tu m’entends, ma Sarah. »

Dans mon désespoir, j’essaie de connecter le lien qui nous unit. Je serre les dents. Je ne sens même plus sa présence. Je me concentre pour qu’elle m’entende. Est-il possible qu’il ait réussi à la soumettre ? Je sens confusément que le lien est rompu. Pourtant je perçois une présence. Timide, lointaine. Un murmure à peine audible qui semble ricocher contre la cuirasse maléfique qui m’encombre et s’évanouit aussitôt. Tentative de communication qui se fait ? Est-ce elle ? Je n’en ai pas l’impression. Me concentrer. Oublier le rire sardonique qui se fait de plus en plus prégnant. Oublier.

« Sarah ! »

-         Oublie Sarah. Plus rien, ni personne ne pourra aller à mon encontre dorénavant. D’ici quelques jours, l’antéchrist sera suffisamment puissant.

« L’Antéchrist ? NON ! Sarah ! »

Son rire tonitruant éclate encore plus fort. Mon cœur explose avec peine, compressé qu’il est dans le cocon funeste. J’ai l’impression que des larmes coulent sur mon visage. Ou n’est-ce que la froideur de son souffle qui m’effleure ?

« Oui, comme cela, Etienne, pleure. Pleure encore. »

Pleurer ? Le murmure que je distinguais tente de m’atteindre. Encore. Impérieux. Mais bienveillant,  il me semble. Ce n’est pas Sarah. Je ne ressens ni sa douceur, ni sa chaleur. Mon esprit, pourtant embrumé et sous contrainte, trouve la force de m’interroger. Qui me parle ? Comment essayer d’entrer en contact sans qu’il sache ?

-         Tu n’y arriveras pas. Il aurait fallu accepter tes pouvoirs pour réussir à entrer en contact avec elle. Tu es condamné, mon fils. Dans quelques jours, Il naîtra et tu ne pourras rien y faire.

Son rire me débecte. Je ne peux juste plus le supporter. Dans un sursaut de courage, je tente de me concentre. Condamné pour condamné, autant essayer de réagir.

« Etienne, continue comme ça. Pleure encore, n’arrête surtout pas. Et reste toi. »

La voix qui chuchote, que je n’entends qu’à peine se fait de plus en plus présente. Je ne sais qui c’est, mais je suis presque certain qu’il s’agit d’un homme. Qui donc pourrait avoir connaissance de la situation ? Pourquoi ? Pourquoi ?

Quoi qu’il en soit, je m’attelle à ouvrir et fermer mes paupières rapidement pour stimuler la fabrication de larmes. Je ne sais pas à quoi cela me mène mais je veux faire confiance à cette voix qui me parvient. Mes larmes coulent. De moins en moins. Le souffle brûlant de mon père les sèche aussitôt. Mais je continue. Mes yeux sont la seule partie de mon corps qui reste mobile alors je persévère. Tentative vaine peut-être. Mais j’y crois. Je veux y croire. Satan a arrêté de rire. Je le sens virevolter autour de moi, comme un ventilateur.

Soudain, mes yeux se voilent. Un cercle de lumière qui m’éblouit mais me soulage quelque peu en même temps. Bleu transparent. Presque minéral. Cristal ? Diamant ?

-         Bordel, il ne va pas s’y mettre, celui-là !

Son hurlement me fait plaisir et me donne du courage. Même si je n’ai aucune espèce d’idée de ce qu’est cette lumière, ou qui c’est surtout, mais si c’est mon alliée, j’y puise un peu de force. Je m’y accroche.


* * *

Effarés par la voix masculine et péremptoire qui s’échappe des lèvres fines de Sarah, Danna et Daniel restent prostrés, assis à même le sol, en balbutiant des paroles incompréhensibles. Luc et Mathieu ont juste eu le temps de les empêcher de s’effondrer, en les retenant par les aisselles. Puis ils s’éloignent en parlant à voix basse.

-         Il faut contacter Etienne. C’est urgent.
-         Mais ? et Sarah… ?
-         Mickaël a pris possession de son corps, elle était sûrement sous l’emprise de Satan.

Un éclair bleu tournoie plus loin, à l’endroit où se trouvait la cabane encore quelques heures plus tôt.

-         C’est l’heure, Mathieu. Vite ! Je tente de contacter Etienne…

Il s’éloigne précipitamment, le visage sombre.