Mes lèvres contre
les siennes, à peine sont elles entrées en contact qu’une décharge électrique
traverse tout mon corps et me projette contre le mur derrière moi. La violence
du choc est telle que je suis sonnée et éprouve du mal à me relever. Il me
semble entendre un rire sinistre au loin. Malgré la douleur et l’obscurité, je
me traine vers Etienne. La peur s’est emparée de moi, le retrouver, me coller
contre lui pour chercher du réconfort, je dois y arriver, coûte que coûte.
Il parle, au début
j’ai eu du mal à comprendre les mots prononcés. Son corps est parcouru de
soubresauts, les traits de son visage sont méconnaissables. Lui qui d’habitude
est jovial et a le sourire en permanence, est crispé et barré par deux rides
profondes en travers de ses joues. Son teint est blafard.
Ses yeux grands
ouverts, sont révulsés, il semble lutter contre une force inconnue qui le
malmène. Le son de sa voix n’est pas le sien, une force obscure a pris
possession de son corps. Serait-ce le diable ?
-
« Etienne, c’est moi ! Réponds moi ! »
Mais la chose
continue à prononcer inlassablement toujours la même phrase par la bouche de
mon amour.
-
« Les lâches payent toujours le prix fort. Il est l’heure. »
Le corps d’Etienne
dégage une énergie négative et une chaleur telles que je n’ose le toucher. Mes
poils sont dressés comme attirés par l’électricité flottant dans l’air.
Celui qui partage
mon existence depuis de nombreuses années me fait peur. Je retiens mes larmes.
Je dois aller chercher de l’aide à l’extérieur. La porte est fermée, j’ai beau
tambouriner à m’en blesser les mains, personne ne peut m’entendre dans
l’immensité de la forêt qui entoure la cabane. Un rapide coup d’œil à me
téléphone portable me confirme ma crainte. Aucun réseau ne passe dans cet
enfer. Comme une cage de faraday, les ondes ne traversent pas les murs trop
épais.
Je me retourne et m’adosse contre la porte, cherchant dans l’obscurité
une autre issue. Et c’est à ce moment là que je l’aperçois. Une forme blanche
se dessine au loin. Il me semble la reconnaître, comment est-ce possible ?
Je ferme les yeux, en espérant m’être trompée. Mais non, c’est elle, à quelques
mètre de moi, l’ombre flottante d’Alicia me regarde fixement.
Je ne maîtrise plus
rien, mes membres sont devenus lourds comme du plomb. Mes lèvres bougent sans
que je ne puisse les contrôler. Il a pris la direction de mon corps et joue à
le manipuler à sa guise. Je ne comprends pas ce qu’il m’arrive cette nuit et je
me mets à espérer que ce cauchemar cesse. Le réveil va sonner et je vais me lever
pour aller travailler comme chaque matin.
D’ailleurs, il me
semble entendre ma femme qui m’appelle :
-
« Etienne, c’est moi ! Réponds moi ! »
Mais une autre
voix, bien moins chaleureuse, me ramène dans une réalité que je ne veux pas
voir.
-
« Si tu veux qu’elle vive… il te faudra lui dire. Sinon, elle rejoindra
les autres. Les lâches payent
toujours le prix fort. Il est l’heure. »
Foudroyant le baiser !!!
RépondreSupprimerEt ce pauvre Etienne qui ne semble toujours pas comprendre ce que sa conscience cherche à lui faire reconnaître... mais de quel mal est-il coupable ???