Déconnexion
Chapitre 5 (par Aurélie)
Elle
semble me sourire sinistrement. Bon sang, et si j’arrivais trop tard, si elle
l’avait tué pour lui voler son âme ? Cette idée qui m’aurait paru
saugrenue une heure avant me semble comme une évidence à présent. Complètement
terrifiée, j’attends un instant sur le seuil, dans le froid de la pierre semble
traverser mes semelles. Ma main levée, est à quelques millimètres du bois de la
porte, sans encore le toucher, et j’en sens l’énergie qui se dégage. Une lueur
rougeâtre filtre à traves les petites ouvertures qu’offre la porte dégondée.
J’hésite, j’ai si peur que j’en frissonne presque sans discontinuer.
Un
gémissement provenant de l’intérieur me fait frémir, je me décide enfin à
bouger. Je prends une grande respiration et pousse de toutes mes forces. La maison
semble avoir bougé, comme si cela l’amusait de me voir ainsi désespérée, mais
la porte ne se meut pas d'un iota. Le vieux panneau de bois blanc effrité et
instable semble un roc impossible à déloger. Je recule pour prendre de l’élan,
et cours pour lui enfoncer mon épaule dedans, comme j’ai tant de fois vu faire
dans les films. La douleur est si vive que les larmes me montent aux yeux.
—
Étienne…
Je
susurre plus pour moi moi-même que pour l’appeler. Mais de nouveau je l’entends
gémir.
—
Allez, ma vieille, tu peux le faire… dis-je pour m’encourager.
Je
prends mon élan une deuxième fois, l’autre épaule en avant, et au moment où je
vais pour l’enfoncer, cette garce de maison s’ouvre pour m’accueillir les bras ouverts.
Prise par ma vitesse, je trébuche et m’étale de tout mon long, le nez dans la
poussière. Je viens de tomber sur Étienne qui murmure plaintivement de plus
belle. Sans prendre le temps de m’épousseter, je me précipite à son visage, le
prenant dans mes mains, priant le ciel de tout mon cœur. Il fait très sombre,
je ne vois presque rien, je m’agrippe à lui de toutes mes forces.
La
porte se referme et claque sur nous, pour nous signifier que nous sommes ses
prisonniers. Peu m’importe, j’ai retrouvé mon Étienne. Mon amour est là, dans
mes bras, je n’ai plus qu’à le réveiller, ce sera facile, peut-être qu’un
baiser… ?
*
* *
Je
sens la présence de Sarah plus que jamais, je pourrais presque sentir la
chaleur de ses lèvres sur les miennes. Notre amour doit être puissant pour que
son esprit soit à ce point lié au mien.
—
Si tu veux qu’elle se perde aussi, grand bien te fasse, se moque ma conscience,
cette voix irritante que je ne peux plus supporter.
Une
fois de plus je ne comprends pas ce qu’elle veut dire. Je suis las de ce
cirque.
—
Mais merde, crié-je. Qu’est-ce que tu veux de moi bon sang ?
—
Cela ne sert à rien de t’emporter, les réponses sont sous tes yeux.
Je
me force à regarder vraiment. Ces corps en décomposition me suffoquent. C’en
est trop. Je vomis mes tripes, encore et encore, jusqu’à ce que mon estomac ne
se tordre plus douloureusement que par la peur.
—
Ça suffit ! Ça suffit ! C’est horrible ! Je ne peux pas regarder
ces gens. Ils sont morts !
Mais
soudain, je me rends compte, dans les lueurs rougeâtres de ce monde incertain,
qui est celui de ma conscience, que ces visages me semblent familiers. Je mets
de côté mon dégoût, autant que ce soit possible du moins, pour les observer de
plus près.
Ai-je
perdu mon âme dans cette vieille cabane ? Ma conscience, c’est moi-même,
que veut-elle me faire comprendre en m’amenant dans ce monde de sang et de
mort ? Suis-je… un meurtrier ?
Ah zut ! le suspens dure, dure, dure... mais qu'à t'il fait ??? On est au coeur de l'énigme :-))
RépondreSupprimerQuelques petites fautes d'orthographe à corriger, par contre