mercredi 5 septembre 2012

Connexion Chapitre 4 (par Yoxigen)


Chapitre 4 – connexion.


Je recule, affolé, et manque de trébucher sur un.. Je ne sais quoi.. Rouge comme la mort, cette gigantesque marre de sang s'approche dangereusement de mes pieds. Un hurlement s'échappe de ma bouche, contre ma volonté ; Comme si cela pouvait me protéger, réflexe absurde, je me mets à fermer les yeux, à les serrer très fort... C'est ce que je faisais lorsque j'étais enfant, persuadé qu'un monstre répugnant allait surgir de sous mon lit. C'est pathétique, comme réaction...

… Mais on dirait que cela fonctionne. Car enfin, il faut l'admettre, rien ne se passe. Plus un son. La voix se tait. Le vent ne souffle plus. La maison ne grince plus. Je n'ose faire le moindre mouvement et, finalement, secondes après secondes, minutes après minutes, ce silence devient plus angoissant encore que tout ce qui a pu se passer dans cette bâtisse maudite.

N'y tenant plus, je rouvre les yeux et découvre, abasourdi, un paysage atrocement laid et irréel. Le ciel est rouge, comme s'il était teinté de sang, des sycomores malades me font face, les mauvaises herbes à mes pieds sont jonchés de cadavres en putréfaction. Au loin je devine une rivière, que je distingue à peine.

—Tu es ici chez moi, me dit la voix désormais familière. C'est ici que tu m'as envoyé. Si tu refuses d'y mettre du tien, je vais te forcer à te souvenir, tu peux me croire !

Mon cœur bat de plus en plus vite. Pourquoi suis-je ici ? Tout se mêle et s'entrechoque dans ma tête, alors que je devrais être chez moi, tranquillement, avec celle que j'aime. Son souvenir s'impose dans mon esprit, l'image de son visage devient palpable, et pris de désespoir, alors que le besoin de ses bras se fait de plus en plus impérieux, je hurle le nom de...

*
* *

ETIENNE !!! NON ! PAS PAR LÀ !

Je me réveille en pleine panique, l'image rémanente de mon aimé dansant encore devant mes yeux. Je m'étais assoupie sur le canapé en l'attendant, peut-être est-ce pour cela que j'ai rêvé de lui ? Je pose les yeux sur la pendule qui me fait face, dans notre salon. Il est 23H passé. Où es-tu ?

Qu'il ne soit pas rentré, sans penser à prévenir, ce ne serait pas la première fois. Mon idiot adoré aime s'encanailler au bar avec ses amis, après une journée difficile. Mais l'angoisse refuse de me quitter. Car ce rêve funeste, alors même qu'il est absent... Je ne crois pas aux coïncidences. Dans ma famille, on sait des choses. Les rêves ne sont pas à prendre à la légère, Grand-Mère me l'a appris. Un frisson me parcourt le dos. J'ai peur, j'ai vraiment peur pour toi, mon amour...

Refusant de montrer au monde cette crainte ridicule, je fais mine d'agir comme à l'accoutumée. Je prends un air agacé en décrochant le téléphone, soupire, et compose le numéro de Gilles, son meilleur ami. A mon grand soulagement, mais aussi à ma grande surprise, il décroche presque instantanément.

    —Allô ?
    —Allô, Gilles ? C'est Sarah.
    —Sarah... Je comptais t'appeler, justement... Étienne est rentré ?
    —Non, je.. Je t'appelais pour ça, justement. Il s'est passé quelque chose ?
    —…
    —Gilles ?!
    —Non non, rien, rien, on.. On buvait une bière à côté de la Gare, et Jérémy et lui ont recommencés avec leur histoire de... De cabane, tu sais ? Celle dans la vieille forêt..

A l'évocation de cette demeure sinistre, bien connue du voisinage depuis des décennies, je ne peux réprimer cet accès de terreur qui part de mes épaules et remonte le long de ma nuque.

    —Il y est allé ?
    —On y est tous allé, en fait... Enfin... On est tous parti pour y aller, et on a fait les deux tiers du chemin, mais... La nuit tombait, et ces superstitions débiles, tu sais...
    —Mais... Qui a continué ? Qui est avec lui ?
    —… Personne, Sarah... Personne. Étienne a continué seul.

A cet instant, je lâche le combiné et manque de défaillir.

Ce rêve ne peut pas être un hasard, j'en suis persuadé. J'essaie de rester calme, de réfléchir avant de me jeter à corps perdu en direction de l'homme que j'aime. Dois-je me préparer ? On doit toujours se préparer, si l'on pense devoir faire face à des entités maléfiques ou surnaturelles. Je l'ai appris dès l'âge de neuf ans. Mais je n'ai rien d'autre à disposition, ici, que de quoi créer quelques sorts de protections ou de chance mineurs. Rien qui ne puisse être utile contre ce qui pourrait se terrer dans cette maison.

Dois-je refréner mon désir de courir à la rescousse de mon adoré tout de suite, dois-je demander conseil à Grand-Mère, d'abord ? Non. Elle vit trop loin, maintenant. Je n'en ai pas le temps.

Alors je pars. Que faire d'autre ? J'enfile un manteau et court en direction de la vieille forêt. Le moment venu, je saurais quoi faire. J'en ai l'intime conviction. Le sang qui coule dans mes veines est fort. Notre famille est ancienne. Et je ne laisserais personne, pas même le Diable, m'enlever ma raison d'être.

Le cœur battant, les larmes aux coins des yeux, les contours de la vieille cabane commencent à se dessiner devant moi. La pluie se met à tomber, et plus j'avance, plus je comprends que je ne me suis pas inquiétée pour rien. Je sens une présence. Forte. Amère. Je perçois de la rancune, du ressentiment.

Et dors et déjà je sais... Qu'elle ne me laissera pas entrer facilement...



1 commentaire:

  1. Mais que s'est-il passé dans cette cabane enfin ???Pourquoi Etienne est-il seul là-bas, pourquoi sa conscience pèse autant sur ses épaules ? Pourquoi porte-t-il quelque part la responsabilité de l'absence de ses amis ? Pourquoi ces visions de sang, de paysage sinistre ?
    Et Yox qui en rajoute :-))

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