mardi 2 octobre 2012

Perdition Chapitre 8 (Allison)

Chapitre 8  Perdition.
 Insidieuse, la voix reste pourtant à l'orée de moi; pourtant, chaque seconde qui passe aspire un peu de ma force, mine ma défense comme Alicia me force à plier.
Mes yeux me brûlent, comme ils changent pour s'adapter à l'espace-temps de la cabane.
- Laisse-le. Il n'est pas responsable.
Elle me regarde. Amusement et mépris donnent à son regard blanc des reflets envoûtants.
Les miens tirent vers le bleu, symbole du mélange de sang. Les fairies aux yeux blancs comme l'air dont elles sont issues; quant à moi, le peuple de la mer dont je suis en partie l'héritière a laissé sa marque dans mon corps, réceptacle des deux éléments.
- Sang-mêlée, dit-elle, et sa bouche se tord dans un rictus que même sa beauté iréelle ne parvient pas à adoucir complètement.  Ceci est entièrement de SA faute.
D'un geste dédaigneux, elle désigne les corps pourrissants qu'elle dispose selon son humeur d'un coin à l'autre de la cabane, certains à moitié enterrés, d'autres complètement déchiquetés.
Je vacille.
Si je les vois, c'est qu'ils sont réels, et pas le fruit d'une illusion.
Mais que s'est-il réellement passé ici?
                                     *
                                     *    *
Sarah.
Sar-ah. Princesse.
Les yeux désespérément fermés, je sens ses mains qui refroidissent; ses doigts s'incurvent, s'aggripent à la chair de mes bras comme la glace se fraye un chemin jusqu'à la brûlure qui dévore ma tête.
Je me raidis sous l'impact, mais je résiste à l'instinct de repousser la vague blanche et bleue. Etrange d'ailleurs, ces deux couleurs qui se mêlent sous mes paupières closes tandis qu'une odeur de mer commence à recouvrir celle, humide et terreuse, de ma "conscience".
"tu espères en vain. Elle n'a pas la force nécessaire pour me vaincre. Assume!"
Mon corps est devenu un champs de bataille.
                                       *
                                       *    *
- Putain, ça me fout les boules.
Faisant mine de ne pas avoir entendu la remarque de son compagnon, Danna raffermit sa prise sur la petite bombe de gaz lacrymogène avant de la passer dans son autre main, la serre violemment, au rythme des vagues de froid qui passent sous son pull de laine.
- Tu sens pas que quelque chose cloche? finit-elle par demander.
Sortant une de ses mains de la poche de son jean, il l'y remet immédiatement.
- Pas normal. Devrait pas faire aussi froid à cette époque, même en pleine nuit.
Je sais même pas si on est au-dessus de zéro, approuve Danna. Mais il y a autre chose.
Daniel regarde autours de lui. Encore, regarde le chemin qui continue sur la droite.
- Oh bordel.
La cabane a disparu.
- Ton portable, murmure Danna. Appelle Gilles. Ou Sarah, n'importe qui. Je veux pas rester là.
Daniel sort son portable; avant même qu'il le range, elle devine à son air horrifié ce qu'elle craignait.
- Pas de réseau?
Il hoche la tête.
- On est dans la merde.

1 commentaire:

  1. Ah ben ça... pour être dans la merde, j'en connais un qui va l'être. Pauvre Java. Comment as-tu pu lui faire ça, Allison ? Bon, c'est un sacré bon coup, cette affaire de mer, de cadavres qui changent de place et de bombe lacrymogène? Quel délire ;-))

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