jeudi 25 octobre 2012

Répit Chapitre 12 (Darklulu)



Répit !

Même si je suis dans les limbes, cet espace non défini entre les mondes, j’ai un putain de
répit !

Le point, vite ! Alicia a parlé de supérieurs tout à l’heure, c’est pas elle qui tire les ficelles. Moi je ne suis que la proie la plus facile, le gibier blessé, celui qui du troupeau court le moins vite.

La résurgence de ma mémoire me prend soudain au dépourvu, un flot vif d’images et d’émotions m’entraine dans un tourbillon sans fin, dans lequel le temps n’a plus d’emprise.

Là, perdu dans le malstrom des réalités, je sais. La cabane n’est ni ma conscience, ni l’émanation de la volonté d’Alicia. La cabane est le cristal à travers lequel Il se manifeste, le prisme qui déforme nos visions pour les rendre conformes à la Sienne. Il est la cabane.

Qui ? Celui qui guette dans l’ombre, le déchu, l’ange aux ailes noires.
Satan, mon père.

Sarah, par pitié tu sais ce que tu dois faire. Fais-le sans hésiter, ta main ne doit pas trembler. Ton amour est un point fixe dans mon temps, ce qui empêche ma raison de vaciller et ma nature de triompher. Laisse le venir en toi.

L’ombre apparaît à nouveau devant moi. Mais cette fois je connais l’identité de l’usurpateur, plus besoin de masques et de comédies sanglantes.

- Bonjour, père, fis-je
- Tu acceptes enfin la vérité ?
- Je ne le puis père. « Les lâches payent toujours le prix fort. Il est l’heure ». Et qu’en
est-il des braves ? Combien doivent tomber pour que tu comprennes enfin que je renie
ton héritage ? Je ne te fuirai plus désormais. Je cesse d’être lâche. A toi d’affronter
cette vérité : tu as échoué. Oui, il est l’heure. L’heure à laquelle tu rembourses toutes
tes dettes de sang.

De blanc, le spectre est passé au rouge. Ce n’est plus Alicia que je contemple, mais le visage grimaçant du mal, l’incarnation des enfers où la moitié de mon âme fut forgée.

- Elle mourra si tu me rejettes. Et tu la regarderas se consumer pour l’éternité dans le
purgatoire.
- Nous verrons bien. Ni toi ni moi ne maîtrisons cet aspect de la partie. Tu as abattu ton
jeu. A mon tour maintenant.

*****

Les deux inspecteurs Luc Vulgor et Mathieu Jabert s’isolent pendant quelques instants, prétextant un détail à régler sur l’affaire en cours. Mais en réalité ce qu’ils ont à régler est loin d’être des détails, et ils ont du mal à garder un ton raisonnable pendant qu’ils se disputent.

- Bon sang Luc ! Tu joues à quoi !
- A quoi je joue ! Elle est trop forte celle-là. Si on avait fait comme je t’avais dit il y a trente trois ans, on n’en serait pas là aujourd’hui !
- Le tuer ! C’était ça ta solution. Le tuer dès qu’il sortait du ventre de sa mère ! Non !
J’ai refusé à l’époque, et si c’était à refaire je prendrais la même décision.
- Ah ouais ! Il ne va pas tarder à arriver. On va lui dire quoi ? Qu’on s’est fait avoir comme des bleus, que pendant qu’on regardait ailleurs, persuadés qu’on s’était fait oublier, il nous a pris par surprise ?

Mathieu ne répondit pas de suite. Il fallait calmer le jeu, s’énerver ne servirait personne. Il orienta la conversation sur un autre problème.

- Tu savais qu’il consultait un psy ?
- Et comment tu voulais que je le sache ? Jusqu’à preuve du contraire, c’est toi son ange gardien. Moi c’est de Sarah dont je m’occupe. Enfin m’occupais, parce je pense qu’elle en plus pour longtemps.
- Je suis sûr que le psy en question est à l’origine de tout. C’est lui qui a rouvert la brèche. Je ne vois que ça. Si c’est le cas, il peut encore nuire. Il faut le neutraliser.
- Pour le moment, on va attendre qu’il soit là. Je pense qu’il aura des questions à lui poser dans tous les cas.

Mathieu acquiesça, et ils retournèrent avec les autres, angoissés à l’idée de ce qui allait se passer.

********

Le flot de paroles de Sarah semble sans queue ni tête aux oreilles de Danna et Daniel. Il y est question de fils, de père, d’enfer et de fin du monde. Un charabia mystique et occulte digne d’un des meilleurs passages de l’exorciste.

Mais les regards qu’échangent les deux policiers n’échappent pas à Daniel. Définitivement oui. Ces deux là en savent plus que ce qu’ils ne l’admettent. Toutefois, le jeune homme ne peut s’empêcher de s’inquiéter pour Sarah. Il connaît ses penchants pour l’occultisme. Et si finalement tout cela n’était pas que poudre aux yeux et simagrées ? Si derrière tout cela se cachait une vérité si terrifiante, si terrible, qu’elle doit être soigneusement cachée aux yeux des mortels ?

L’angoisse de Daniel devient peur. Il pressent que s’approcher de ces arcanes comporte un prix, un tribut qu’il ne veut pas payer.

Sarah se dresse soudain sur ses jambes, son corps tendu comme un arc semble être aussi dur que de la pierre.

Danna se précipite vers elle en criant son prénom.

- Sarah ! Sarah !

Mais la voix qui sort de ses lèvres n’a plus rien à voir avec celle de la jeune femme. Gutturale et profonde, les mots qu’elle prononce provoquent l’effroi chez ceux qui l’entendent.

- Il n’y a plus de Sarah. Je suis Michaël, et suis venu mener mon dernier combat !


3 commentaires:

  1. Wouahh ! Lanto... qu'est-ce que tu vas nous faire de ce psy et de cet hermaphrodite mi Sarah - mimi...chaël ? C'est que sur ce coup là, il nous a aussi gâté l'ami Dark. Ce qui est génial c'est qu'à ce stade chacun peut commencer à imaginer une fin, tout en sachant que de toute façon elle ne sera pas celle-là :-)) Extra en tout cas.

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